Vers d'autres horizons...

A bientôt...Ailleurs.



Mister-Paks  Sir Zolanski.

SUPPORT FASHIZBLACK.

Oui je sais. Une éternité que ce blog n'a pas été actualisé. Aux quelques personnes qui échouent de temps en temps sur celui-ci, je vous en prie, ne m'en voulez pas, je ne l'ai vraiment pas fait sciemment. Quelques perturbations dans ma vie qui j'espère vont prendre la clé des champs au plus vite. En attendant, je me ferai très rare, encore plus que d'habitude certainement, mais ça sera pour mieux revenir. Quoiqu'il en soit, là n'était pas le but premier de ce post.



Je l'avais déjà mentionné précédemment sur ce blog, il y a ce projet auquel je participe depuis maintenant presque deux ans et qui me tient énormément à coeur. Je veux bien sûr parler de FASHIZBLACK. Je ne vais pas m'attarder à expliquer encore une fois de quoi il s'agit - je ne l'ai bien que trop fait. Si je vous en parle, c'est parce que nous, le magazine mais aussi toute une communauté, avons besoin de VOUS. Pour continuer à exister, et également pour nous permettre à nous de continuer à le faire vivre, FASHIZBLACK doit absolument quitter la plateforme web pour passer au format papier.

Pourquoi ? Diverses raisons entrent en compte. Je ne vais pas toute les énumérer mais sachez que cela représenterait un immense pas dans les objectifs que l'on s'est fixé : offrir plus de visibilité aux minorités noires dans les domaines de la mode, de la beauté et de l'image ainsi que procurer un repère à toutes les personnes de couleur qui ne se retrouvent pas forcément totalement dans des Glamour & co. Certes, ça peut sembler mégalo, voire pédant. Quelques jeunes qui viennent avec la prétention de faire bouger les choses, de renverser les diktakts et bien plus...mais il y a un réel besoin d'un média pareil. FASHIZBLACK est le seul média francophone et sa version anglaise, un des rares anglophones, à proposer quelque chose de pareil : une vraie vision sur la mode africaine, les designers du continent et de la diaspora en incessante évolution, doublée d'une ouverture sur "le reste du monde". C'est le seul magazine où David Tlale cohabitera avec Sarah Burton d'Alexander McQueen. Ceci sans compter la mise en avant d'autres artistes ou musiciens véritablement talentueux qui ne demandent qu'à partager leur don. Il est important de préciser que depuis sa création sur la toile, le magazine gagne de plus en plus en reconnaissance et a pu prouver que son existence est nécessaire par ses 200.000 lecteurs mensuels ou encore ses 20.000 fans sur Facebook. Par ailleurs, quand on voit que plusieurs personnes étaient déterminées à demander à Condé Nast de sortir un VOGUE AFRICA (à tort selon moi), l'importance d'une telle publication est encore plus palpable. Aussi, au lieu d'aller quémander misérablement auprès d'un groupe de presse de mettre nos artistes et notre culture en avant, pourquoi ne pas le faire nous-même en se donnant les moyens nécessaires ? Enfin, aussi futile, gnangnan que ça puisse paraître, aider FASHIZBLACK à sortir en papier sera aussi l'occasion d'aider de jeunes personnes, créatives, talentueuses et déterminées (attention, je ne parle pas spécialement de moi, mais de mes fantastiques collègues ET amis) à réaliser leur rêve, à concrétiser leur projet dans lequel ils se sont investis, donnés corps et âme depuis des années maintenant, tout en gardant leur indépendance.

Trèves de bavardages. En effet, je blablate je blablate, mais je n'en viens toujours pas AU FAIT. Pour que vous puissiez nous aider, nous avons choisi KickStarter. Il s'agit d'un site qui permet de faire des appels aux dons à de jeunes entrepeneurs qui fonctionne un peu comme My Major Company. En ce qui concerne FASHIZBLACK, tout est expliqué dans les détails ICI. Il est possible donc de donner à partir de 5 dollars et puis, il n'y a pas limite. Dans les faits, il n'est pas question d'un don sans intérêt pour vous. En effet, de nombreux avantages sont offets en contrepartie suivant les différents niveaux de sommes investies (voir la page). Mais ce que vous faites surtout, c'est pré-commander le premier numéro papier qui, croyez moi sur parole, promet d'être ENORME. Investir dans FASHIZBLACK, ce n'est pas seulement permettre à un énième magazine de prendre place dans les kiosques, mais c'est donner la chance à toute une communauté, à des stylistes de par le monde, des designers, des photographes, des maquilleurs, des mannequins et j'en passe de montrer de quoi ils sont capables et de prouver que tous ceux qui un jour n'ont pas cru en eux, et à ce qu'ils défendaient justement, se sont éperdument trompés.

FASHIZBLACK A BESOIN DE VOUS. C'EST LE MOMENT, C'EST NOTRE MOMENT.



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Vision Glamour...

Voici une série mode photographiée par Charlotte Moulard et dont le stylisme a été réalisé par la géniale Raissa Tchoulague, assistée par votre humble serviteur que je suis. Intitulé "Ultimate Diana", cet éditorial s'inspire de l'une des plus iconiques des divas, Diana Ross. J'aime beaucoup la post-production des clichés, les jeux sur les palettes chromatiques et tout le glamour qui s'en dégage, ceci sans parler de la beauté du mannequin Elodie Auster vêtu de somptueuses robes signées Basil Soda, Eva Minge et Fatima Lopes. 








"ULTIMATE DIANA" 
Réalisation: Raïssa TCHOULAGUE
Photographe: Charlotte Moulard
Make-Up Artist: Nuby
Coiffure: Amethyste de B-Urself Annecy
Assistant styliste : Paul-Arthur Jean-Marie
Mannequin: Elodie Auster

L'Atout McQueen.

Lorsque l'inénarrable Lee Alexander McQueen nous quittait l'année passée, la sphère fashion était plus qu'inquiète en ce qui concernait sa succession. Tout le monde se demandait qui serait réellement capable reprendre les rennes abandonnées par le génie. Alors que certaines rumeurs annonçait Gareth Pugh, les plus sceptiques suggéraient que PPR, propriétaire du label, le ferme tout simplement afin que l'héritage ne soit jamais entaché. Trop peu pour les dirigeants du groupe : la maison McQueen méritait de continuer à vivre - le regretté créateur l'aurait voulu ainsi  - et leur choix est apparu comme une évidence : Sarah Burton, bras droit du maître depuis quinze ans. 


Pendant qu'Alexander McQueen s'attelait à livrer des collections magistrales dont plusieurs s'inscrivent dans les annales, elle était là tapie dans l'ombre et apprenait tout. "Je suis entrée dans cette maison comme stagiaire alors que j'étais encore étudiante à la St Martins School de Londres. Et je ne suis plus jamais repartie. Il m'a tout enseigné" confie t-elle. Pour son premier défilé de prêt-à-porter printemps-été 2011, tout le monde l'attendait alors au tournant. Un défi plein de pression et d'angoisse qu'elle releva pourtant avec brio. Dans la pure tradition McQueen, sans pour autant s'enfermer dans un éternel hommage, son travail possède la même exigence technique dont Lee avait fait une priorité avec cette notion de fantasque propre à la maison. Toutefois, il est carrément impossible de ne pas noter ce supplément mélioratif de féminité que Burton justifie avec beaucoup d'humilité : "sans doute est-ce simplement parce que je suis une femme". Les codes maison sont adoucis mais pas dénaturés. Comme par le passé, le défilé est une exploration d'un thème précis plutôt qu'un simple vestiaire à tendances. Ici, la créatrice nous entraîne dans une balade dans la nature, la vraie, fragile, dynamique et magnifique à la fois. Au fil des passages, les pièces apparaissent comme des performances isolées telles que ce modèle corseté en paille véritable, ourlée d’épis de blé ou encore la majestueuse robe entièrement faite de plume.

(Printemps/Eté 2011)

Dévastée par la mort de son mentor, Burton a longuement hésité lorsqu'on lui a proposé de reprendre la direction artistique : "la vision de Lee était tellement différente de celle de tout le monde. Je ne pouvais pas prétendre faire ce qu’il faisait. Mais je me suis juste dit : Pourquoi Lee a-t-il fait tout ça ? Juste pour que l’on arrête son œuvre ? J’ai donc réfléchi à ce que je voulais vraiment. Ce qui était le mieux pour moi. Comme beaucoup de femme de mon âge, je voudrais faire des enfants, mais j’ai pensé que ce n’était pas une raison de ne pas relever ce challenge. Finalement, j’ai décidé de le faire avec cette idée en tête : faire de mon mieux." Et, heureusement qu'elle a pris cette décision car elle dépasse même les espérances de tous, ce qu'elle prouva lors de son second défilé à la Fashion Week parisienne pour l'automne-hiver 2011/2012. Dès les premières silhouettes, on se retrouve tout d'abord subjugués par la sensibilité que l'anglaise apporte à la maison. Puis, c'est l'incroyable savoir-faire technique superbement maitrisé qui laisse sans voix. Cet opus, qui tient davantage de la haute couture que du prêt-à-porter, comprend des modèles à l'aura magique et fédérateurs de rêve. Tout est parfait. Que ce soit la robe à corset entièrement composé de bris de porcelaine bleue à fond blanc sur une grande jupe écumante de mousseline ou encore les manteaux et les tailleurs en tweed, impeccablement coupés, relevés à coups de plumes et de fourrure. Les souliers non plus ne sont pas en reste : ces chaussures comme sculptées aux allures folles et architecturales complètent à merveille ce vestiaire d'une force émouvante et délicate. Sarah Burton parvient à redonner toutes ses lettres de noblesse au mot luxe. 

 (Automne/Hiver 2011/2012)

Après ces deux excellentes performances, sans compter les collections masculines, les pré-collections et le vestiaire de la seconde ligne McQ tout aussi magistralement exécutés, elle a réussi a balayé d'un revers de main toutes les incertitudes qui pouvaient persister. Comme elle le dit elle-même, perpétuer l’œuvre d'Alexander McQueen est une seconde nature chez elle. "Son ADN est moi", clame t-elle. Nonobstant, cela ne suffit pas. Elle devra toujours aller plus loin, c'est-à-dire conserver la politique propre à la marque, tout en continuant à explorer sa propre personnalité, son imagination, à dépasser ses limites et à surprendre. Et çà, elle en est très bien consciente :"il y aura toujours des éléments McQueen mais, en même temps, vous devez rester honnête avec vous. C’est ce que Lee m’a toujours martelé : ‘On doit pouvoir te voir derrière ton travail.’" Adoubée par la critique et les clientes dont l'héritière Daphne Guinness, elle connait même la consécration en habillant Kate Middleton pour son mariage avec le Prince William d'Angleterre. C'est dire qu'elle assure un avenir radieux à la maison laissée orpheline un an plutôt. Et même si elle n'aura jamais la prétention de l'affirmer : le nouvel enfant terrible de la mode, c'est bien elle. 

 (Automne/Hiver 2011/2012)

Edward Enninful et Giovanna Battaglia réussiront-ils à sauver W ?

Depuis le jour où je l'ai découvert jusqu'en septembre 2010, je dois dire que j'appréciais énormément chaque lecture du magazine W. Appartenant à l'écurie Condé Nast et autrefois dirigée par Patrick McCarthy, cette publication, centrée autour des personnalités qui font les monde de la mode, de la musique et de l'art, m'était rapidement devenue indispensable. Je parcourais avec beaucoup d'attention les sujets que je trouvais à chaque fois recherchés et très instructifs, rien à voir avec certains papiers vains et incessamment renouvelés que l'on peut retrouver dans les autres magazines. Sans parler, des couvertures, au design poussé, très pointues et, il faut le dire, toujours magnifiques à regarder. Il en est de même pour les séries mode qui, pour la plupart, ne manquaient jamais d'audace, de peps et ce, sans jamais tomber dans la surenchère.

(W avant Tonchi).

Puis, mi-2010, on annonce le départ de McCarthy ainsi que la nomination de Stephano Tonchi, alors rédacteur-en-chef de T Magazine (volet mode du New-York Times), à la tête du magazine. Déjà même au temps où il travaillait chez T, il était rare que je sois séduit parce qu'il y proposait. De fait, son travail me donnait toujours cette impression de "mode facile", agencée dans le but de choquer (donc créer du buzz) et bien souvent maladroitement hyper-sexuée et dans le fond, très plate. Ce qui n'a pas manqué d'être patent dès son premier numéro en tant que "Editor of W Magazine".

(Stephano Tonchi).

Pour l'édition d'octobre 2010 en l'occurence, c'est une Kim Kardashian nue, que l'on pouvait retrouver en couverture, la poitrine et les parties intimes, néanmoins cachées par deux espèces de bannières. Par contre, à l'intérieur, les choses étaient différentes : on pouvait tout voir. Poitrine, fesses, etc..Kardashian était complètement dévoilée. Par ailleurs, le design de la cover s'est trouvé complètement appauvri, réduit à un minimaliste des plus fades.

(Kim Kardashian pour W, Octobre 2010).

Qui plus est, les sujets, et ce même sur le site, sont devenus de plus en plus barbants. On ne sent plus cette esprit de mode qui goûte l’inaccessible et emmène au rêve . Il y a toujours ce côté osé, de bouleversement des codes, mais ce n’est tellement pas subtil. Au fil des mois, Tonchi a continué de se démarquer par son manque de créativité, les couvertures se ressemblant de plus en plus, notamment avec ce fond gris peu enthousiasmant qui apparaissait désormais comme un leitmotiv. Nul besoin de préciser donc que j'ai été tellement déçu si bien que j'ai arrêté d'investir dans le W. En effet, je préférais largement dépenser mes sous dans un INTERVIEW, le magazine du photographe Fabien Baron, ex-collaborateur de Vogue, qui ne cesse de me surprendre. D'ailleurs, je n'étais pas le seul. Le mécontentement et, je suppose, la désagréable surprise du lectorat se sont vite manifestés : en un mois, W avait perdu 14% de ses ventes mensuelles.

(W sous Tonchi).

Dans l'optique que W était définitivement vide d'intérêts et alors que je n'attendais plus que les dirigeants de Condé Nast se décident à congédier Tonchi, j'apprends récemment que Giovanna Battaglia (je vous avais déjà parlé d'elle) s'apprêtait à intégrer l'équipe du W en tant que Editor-At-Large. Je dois dire,qu'en tant que grand fan des shoots qu'elles réalisent pour les différentes éditions de Vogue, j'étais assez galvanisé par la nouvelle. En plus de son style personnel, très étudié et presque toujours efficace, elle a cette touche d'onirisme dans son travail qu'elle sait avec beaucoup de finesse ajuster à n'importe quel thème. L'espoir m'est donc peu à peu revenu à me disant que grâce à elle, le magazine comportera quand même quelques éditoriaux qui vaudront le détour voire même des covers.

(Giovanna Battaglia).

(Différentes réalisations de Battaglia pour le Vogue Italie, et le Vogue Japon).

Ensuite, mon enthousiasme s'est davantage affirmé lorsque j'ai su que Edward Enninful deviendrait le prochain rédacteur-en-chef mode de W. Alors Edward Enninful -que l'on peut d'ailleurs voir dans le film "The September Issue", c'est une figure du monde de la mode que j'admire énormément. Déjà, je respecte son parcours. Qu'on ne se mente pas, s'imposer et se faire un nom dans le milieu lorsque est un homme noir, est tout sauf évident. De plus, jusque là Fashion Director pour le glossy anglais i-D, il s'est toujours démarqué grâce à ses séries mode d'une esthétique irréprochable, en phase avec l'air du temps et témoignant d'une vraie vision.

(Grace Coddington et Edward Enninful).

(Réalisation d'Edward Enninful pour le Vogue Italie).
Je suis conscient que sous le joug de Tonchi, dont le licenciement n'est visiblement pas programmé malheureusement, il sera difficile que ces deux-là réussissent, d'un coup de baguette magique, à sortir W du gouffre artistique et de la vacuité éditoriale dans lesquels il est plongé actuellement. Je tiens notamment à croire que leurs pattes sauront se manifester assez rapidement et parviendront nonobstant à rendre à la publication un soupçon d'intérêt...

Kate Moss, elle a quoi de si spécial en fait ?

Depuis le 13 Mai, l'on peut retrouver à la Galerie de L'Instant, (Paris 3ème), une exposition vouant un culte à Kate Moss. Un florilège de clichés pris par une série des photographes les plus importants de ces dernières années, à l'instar de Marc Hispard, Mike Figgis, Mary Mccartney, Patrick Demarchelier, Richard Dumas, ou encore Juliette Butler mais aussi des toiles signées Lucian Freud, Marc Quinn, Sam Taylor Wood, entre autres, représentant le top model anglais seront ainsi mis à la disposition du public. Sans aucun doute, Moss est donc un des seuls et rares mannequins à jouir d'un tel honneur. Depuis que Bettina Rheims l'a photographiée pour son livre "Modern Lovers" dans les années 90, alors qu'elle n'avait que 14, c'est-à-dire depuis plus de 20 ans, elle fascine et suscite de l'intérêt toujours plus croissant. D'où mes questionnements du jour : pourquoi une omniprésence aussi importante et presque étouffante visuellement parlant ? pourquoi une telle pérennité dans le milieu ? Pourquoi n'a t-elle pas perdu de sa "lueur", de sa notoriété comme les autres modèles de la génération des supermodels des 90's ? Et surtout, comment y est t-elle arrivée ?

(Par Juliette Butler (1995) et Mary McCartney, “Kate in Red Dress” (2004))

Lorsqu'elle débutait, début des 90, sa carrière dans le mannequinat, la mode était aux "waifes”, ces jeunes filles, aux corps squelettiques et à l'air constamment perdu/abandonné. On peut donc (essayer de) comprendre qu'à l'époque elle s'avérait incontournable vu son corps qui était l'archétype du genre. Puis, au milieu de la décennie, ce fut au tour des Naomi, Claudia, Tyra et des autres d'imposer une silhouette sculpturale légèrement plus plantureuse que ce qui se voyait. Parallèlement, la féminité de Kate Moss se révèle un peu plus et on voit quelques formes se dessiner sur son corps, en témoigne des photographies de Peter Lindbergh ou Ellen Von Unwerth. Encore une fois, elle se fond dans le mouvement même s'il y a toujours ce petit quelque chose qui l'a fait sortir du lot. Un peu avant 2000, Anna Wintour, suivie par la plupart des magazines, commence la mise en lumière des actrices et des chanteuses. Très rapidement, les mannequins passent au second plan et luttent, tant bien que mal à garder leur place d'antan. Les années passant, elles réussissent à rester dans la lumière mais se voient peu à peu remplacer par une hordes de gamines de l'est de l'Europe et surtout surplombées par les fameuses stars hollywoodiennes si bien qu'elles finissent par perdre de leur statut. Une à une, celles qui ont régné en maitresses sur le monde de la mode cherchent des issues de secours, se trouvent des secondes options tout en s’arrangeant à rester plus ou moins présentes dans le milieu (cf N.Campbell). Pourtant pas la Brindille, qui continue de tenir tête aux rivales et s'assure toujours une place de choix dans les magazines, les campagnes et sur les podiums. Elle surfera ainsi sur son éternelle vague du succès jusqu'en 2005 où le fameux scandale du rail de cocaïne éclate. Fréquentant depuis un moment le junky Pete Doherty, le ''Daily Mirror'' publie, en couverture, une photo issue d'une vidéo tournée avec un téléphone portable qui la montre sniffant de la cocaïne. Immédiatement, elle perd des contrats importants dont Burberry, Chanel et H&M. Pour la première fois, le public et beaucoup de professionnels lui tournent le dos. Mais pour une très courte durée. Après une horde de méa culpa et une bonne rehab, elle revient sur le devant de la scène. Le Vogue Paris lui consacre même une édition spéciale un mois de décembre où elle reçoit le soutien de Catherine Deneuve, Johnny Depp, Alexander McQueen, Roberto Cavalli, Longchamp, etc. Ni une ni deux, les affaires reprennent et depuis elle est toujours au sommet, n'en démord pas. Ce scandale, au lieu d'y mettre un terme, a, au contraire, booster sa carrière. Qui des Naomi, Klum, Herzigova, Schiffer, et autres peut se targuer de figurer dans un maximum de campagnes incontournables (Balmain, Isabel Marant, La Parisienne d'Yves Saint Laurent...) en une seule saison ? D'enchainer une campagne virale avec Dior, des spots Vogue Eyewear sans compter les collaborations avec Topshop et Longchamp. Pas grand monde en fait, et ce même dans la nouvelle génération de mannequins.

(Par Corinne Day (2001) et Marc Hispard (1993))

Personnellement, je n'ai jamais trouvé qu'elle avait quelque chose de si EXTRAORDINAIRE. Ok, elle a de la présence, comme pas mal de tops modèles mais en ce qui me concerne çà s'arrête là. Parfois, il m'est arrivé d'entendre : "Non mais c'est une styliste plutôt prometteuse et talentueuse". Ce à quoi je me permets de répondre par la négative. A la limite, elle est juste douée d'un bon œil qui lui permet de bien reproduire les tendances et les gimmicks up-to-date dans ses collections avec Topshop ou encore Longchamp (et encore, il y a des bureaux de style pour ça), qui frôlent même souvent, pour pas mal de pièces le mauvais goût. Chez Topshop par exemple, les opus ne marchaient que parce qu'il y avait son nom affublé sur l'étiquette sinon, la qualité même n'y était pas vraiment. D'ailleurs au bout de 4 ou 5 saisons, cela s'est bien senti. Le manque de valeur créative ajoutée a tôt fait de se faire ressentir ce qui emmena à la fin de la collaboration, les ventes ne suivant plus vraiment. Quant à son look tant loué, il s'agit d'un style rock'n'roll parfois chic, un peu bobo, déjà vu et revu. En somme, rien de bien novateur.

En fait, je dirais que la raison de son succès est en grande partie due au fait qu'elle est un condensé de tout ce que la société "aime"/"affectione" à l'heure actuelle et parfois sans même forcément s'en rendre compte : des histoires d'amours compliquées qui se finissent tristement (cf avec Johny Depp, Doherty), cette notion d'ange entrainée dans le mal mais qui réussit à s'en sortir, la reconversion, les scandales ici et là, de la provocation (maitrisée aujourd'hui)... Elle représente l'artiste martyr, écorchée vive, la rock star scandaleuse qui arrive toujours à toucher. Avec tout cela, elle parvient ainsi à se mettre un large de panel de personnes dans la poche, réussit à les convaincre, fascine, et ce au profit des différentes marques qui l'engagent...En ce qui me concerne, j'en fais une overdose.

La valse des directeurs artistiques...

Cela faisait longtemps que la microcosme mode n'avait pas assisté à un tel jeu de chaises musicales dans les hautes sphères de la création, à savoir les directions artistiques, qui dure déjà depuis un moment déjà. Recap', interrogations, (tentatives de) réponses, et hypothèses.

(Christophe Lemaire).

Tout a commencé lorsque le fantasque Jean-Paul Gaultier annonçait qu'il se retirait de Hermès. Après 7 ans de bons et loyaux services, le créateur estimait qu'il était temps de prendre congé, à l'amiable, de la maison française à laquelle il avait su insuffler une nouvelle énergie, agréablement folle et intemporelle. Malgré la déception de nombreuses personnes, le clan Dumas, propriétaire de la marque, nomme alors Christophe Lemaire à la direction artistique. Ce jeune français qui débarque fraîchement de Lacoste (où il sera remplacé par Felipe Oliveira Baptista) éveille les doutes chez beaucoup. En effet, on se demandait s'il réussirait à tenir le rythme, venant plutôt de l'univers du sportswear, et à perpétuer le travail de JPG sans pour autant tomber dans la simple copie sans oublier d'inculquer une autre personnalité aux collections. En mars derniers, lors du défilé Automne-Hiver 2011, il a anéanti toutes les suspicions grâce à un opus à l'élégance qui misait sur la durée, dans la juste lignée de ceux de son prédécesseur. Mélangeant des influences asiatiques aux codes du chic austère façon années 20-30 propre à Hermès, Lemaire marque définitivement avec cette collection le passage à une nouvelle ère pour la maison qui semble très intéressante. Toutefois, comme le dit le proverbe, il est préférable de ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Attendons donc la saison prochaine pour une validation totale.

(Hermès, Automne-Hiver 2011)

Quelques mois plus tard, c'est Christophe Decarnin qui quitte son poste chez Balmain ,alors qu'il avait réussi à faire renaître le label de ses cendres, résultat d'une dépression due au rythme insoutenable inhérent à sa fonction et à une mésentente avec le DG, Alain Hivelin. Arrivé en 2006, le français avait imposé une nouvelle silhouette caractérisée par un goût prononcé pour le bling-bling, des épaulettes en veux-tu en voilà, des pantalons étriqués, des shorts outrageusement courts et une allure aux forts accents rock. Rapidement, sa proposition séduit les critiques de mode, les clientes et les célébrités, de Beyoncé à Rihanna en passant par Demi Moore. Nonobstant, fort de son succès, il ne tardait pas à s'enfermer dans cette vision clinquante et oversexy de la femme, un cycle lassant et décevant à chaque fois. Mis à part les thèmes de fond et les différentes tendances exploitées (militaire, grunge, baroque...), saisons après saisons, on n'avait la ferme impression de revoir la même collection encore et encore si bien qu'il n'a pas fallu très longtemps pour remettre en doute la créativité voire même le talent du créateur. De plus, dans une trop patente volonté commerciale, certaines créations arrivaient même à manquer cruellement d'une réelle esthétique. Plusieurs ont également renvoyé la faute sur Emmanuelle Alt (et Carine Roitfeld) consultante pour la marque, lui reprochant d'imposer ses codes, ses envies, son style et de freiner ainsi l'imagination de Decarnin (notez qu'on constate le même phénomène du côté d'Isabel Marant dont elle s'occupe(pait) aussi du consulting). Si c'est le cas, on peut donc aisément comprendre la dépression nerveuse du styliste, qui a même abouti sur un internement en maison psychiatrique. N'importe qui pris dans cette engrenage, tiraillé entre les volontés du prêtresse de la presse, les exigences d'un patron, attentif sur le fait que les ventes ne devaient pas chuter, et les critiques toujours plus virulentes quant à son manque d'inventivité, aurait à un moment ou l'autre craquer. En ce qui me concerne, je n'ai jamais vraiment cru au fait que Decarnin puisse être un créateur de grand génie à l'image d'un Alber Elbaz par exemple. Dès le départ, on (Alt et son équipe de consultantes) lui a montré la voie et il s'est contenté de rendre les lignes commerciales.

(Christophe Decarnin en Backstage)

Quoiqu'il en soit, du côté de Balmain, on a déjà élu le successeur. Alors que plusieurs rumeurs annonçaient Mélanie Ward, styliste freelance et collaboratrice du Harper's Bazaar, c'est finalement le très jeune Olivier Rousteing qui reprend les rennes. Bordelais diplômé de l’École supérieure des arts et techniques de la mode (Esmod), il dirigeait le studio de création de la marque depuis 2009. A vrai dire, et comme beaucoup, je doute que cette nomination changera quelque chose à l'engouffrement créatif de Balmain. Rousteing collabore depuis longtemps avec Decarnin et il est certain que les codes de ce dernier seront très présents dans son travail. Qui plus est, si on l'a choisi lui, c'est bien pour ça : ne pas dénaturer la formule qui marche si bien pour le label français...Toutefois, sait-on jamais, il peut nous réserver une agréable en octobre prochain lors de la semaine de la mode parisienne. D'ailleurs, c'est tout ce que je (lui) souhaite.

(Olivier Rousteing)


Ensuite, telle une bombe, la nouvelle tombe fin mars que Jean Bousquet, PDG de Cacharel, ne renouvelait pas le contrat de Cédric Charlier alors que celui-ci venait de signer trois saisons très prometteuses. Alors que la maison célèbre pour son liberty a connu de nombreuses années sombres, le jeune belge, ancien assistant de Jean-Paul Knott et d’Alber Elbaz chez Lanvin, était parvenu à lui donner une aura plus jeune et fraîche tout en respectant l'ADN romantique maison. Presse, acheteurs et clientes étaient unanimes : il s'avérait être l'homme de la situation. Pourtant cela n'a pas semblé suffire à Bousquet. D'après les dires, il souhaitait développer les activités de la marque et lancer des lignes hommes, enfants, lingerie...ce que Cédric Charlier n'a pas forcément approuvé, préférant se concentrer, vu le passif de la marque, sur le prêt-à-porter féminin. Logique somme toute beaucoup plus judicieuse surtout lorsque l'on connait les augmentations de chiffres d'affaires qu'il a réalisées ( 93 % avec la croisière 2010 et de 113 % avec la collection A/H 2010-2011) en si peu de temps, dans le contexte économique actuel, sans support pub ni marketing de masse. Dans une optique d'en gagner toujours plus et en négligeant par la même occasion la création, les dirigeants de Cacharel ne se rendent peut-être pas compte des risques qu'ils courent. De fait, le label regagnait petit à petit sa place d'antan et surtout, je me répéte, avait réussi à convaincre tout le monde. Pour le moment, aucun successeur n'a encore été annoncé. En espérant que celui-ci se montrera à la hauteur. Quant à Cédric Charlier, il s'est dit "choqué" et "avoir l'impression de vivre dans un monde sans logique ni raison". Il est vrai que je n'ai jamais été aussi déçu d'un remplacement de designer depuis le licenciement d'Olivier Theyskens chez Nina Ricci, mais nul doute qu'il saura rebondir.

(Cédric Charlier)

(Cacharel, Printemps-Eté 2011)

Autre désappointement, en tout cas pour moi, le renvoi de Tommaso Aquilano et Roberto Rimondi de Gianfranco Ferré. Après avoir pris la direction artistique de la maison très peu de temps après la disparition de l’emblématique couturier italien, ils présentaient des collections renversantes de glamour et de qualité qui, elles aussi, ont mis d'accord la critique. Seulement, il semble que leur style très "red carpet" ne convenait pas à aux attentes des nouveaux investisseurs basés à Dubaï du groupe Paris Group, qui eux, préféraient une plongée dans les archives de la maison et une silhouette davantage casual-chic. Il est vrai que les logorrhées styliste du duo, couple à la ville, ne correspondaient pas toujours parfaitement à l'esprit de Ferré mais ils ne manquaient pas pour autant de pertinence, a contrario, ils l'adaptaient à l'air du temps..En bref, Ahmed Sankari, le fils d’Abdulhader Sankari, patron de PG, préside désormais au destin de la marque italienne.L’identité du ou des successeurs n’a pas encore été dévoilée. Pour ce qui est de Aquilano et de Rimondi, je ne me fais néanmoins pas énormément de souci pour eux. Ils possèdent leur propre maison, Aquilano.Rimondi, aux lignes très lolita avec une bonne dose de sensualité, qui crée chaque fois l'évènement lors des Fashion Weeks milanaises.

(Aquilano & Rimondi)

(Gianfranco Ferré A/h 2011-2012)

La rumeur courait, a été démentie, puis s'est relevée vraie : Hannah McGibbon était bel et bien dans le collimateur et se retrouve aujourd'hui à la porte de Chloé. Succédant à la génialissime Phoebe Philo, qui avait décidé de se consacrer à sa famille, la styliste anglaise s'en est très bien sortie... durant les premières années. Elle s'évertuait à proposer des vestiaires résolument chics, très parisiens, et d'une délicate féminité. Puis, progressivement, elle témoignait d'une absence d'inventivité servant encore et toujours la même soupe néo-bourgeoise. Jusqu'à son dernier défilé A/h 2011, où elle s'est essayée à quelque chose de nouveau et essuyait un cuisant échec. Ce florilège de tenues composées de cuir façon python, de tissus imprimés python, de maille imitant la peau du python, de toutes les couleurs et de toutes les formes a été critiqué. Je pense que ça été la goutte d'eau qui a débordé du vase et surtout, il était temps. La pauvre Hannah s’essoufflait. On apprend donc qu'elle quitte la marque pour soi-disant "se consacrer à des projets personnels". Pour la remplacer : Clare Waight Keller, anglaise également. Cette dernière a officié pendant environ cinq ans pour Pringle of Scotland. Je dois avouer qu'il s'agit là d'une marque à laquelle je n'ai jamais accordée énormément d'attention. De son travail, je n'en connais pas grand chose, ni de son évolution. Toutefois d'après ce que j'ai lu et vu, elle est diplômée du Royal College of Art et a fait ses armes chez Gucci - période Tom Ford - puis chez Ralph Lauren et Calvin Klein. Du côté de Pringle of Scotland, réputé pour sa maille et son cachemire, elle serait parvenue à lui apporter une bonne dose de neuf. Encore une fois, attendons septembre pour en juger et porter un avis.

(Clare Waight Keller)

(Chloé, Automne-Hiver 2011)

Et enfin, j'ai été très choqué de savoir que GAP, le géant américain, licenciait son designer star, Patrick Robinson. Il œuvrait avec talent, depuis mai 2007, à doter le label californien d’une image mode plus pointue et à incarner la marque aux yeux du grand public. Les raisons de ce renvoi ? Une chute massive du chiffre d'affaire mise sur le dos de Robinson à qui l'on reproche de ne plus être aussi efficace que par le passé.

Il y a plusieurs raisons qui causent la séparation d'une maison et de son directeur artistique. Cela peut être une envie d'ailleurs pour le styliste, une nouvelle prise de direction qui ne convient pas aux deux parties, des ventes catastrophiques...Parfois il y en a même qu'on ne comprend pas forcément, qui ne tiennent pas la route. Toutefois, en observant de plus près, dans la plupart des cas, il s'agit bien souvent d'une envie des dirigeants d'engendrer (encore) plus de bénéfices et ce, au détriment de la créativité, de l'originalité et de la véritable proposition mode. Nous y sommes toujours, cette victoire presque perverse de l'aspect commercial. En même temps, il faut s'y résoudre, l'industrie de la mode pèse des milliards et emploie des millions de personnes. Ça doit tourner, et ces gens ont besoin de manger...

P.S : Vous constaterez que je n'ai pas abordé la situation de la maison Dior. Galliano renvoyé pour les raisons que l'on connait tous (et viré également de sa propre marque détenue à 94% par Dior), Bernard Arnault a annoncé que le studio Dior continuera à travailler sur les prochaines collections en attendant que l'administration choisisse le nouveau directeur artistique, ce qui devrait prendre un bon bout de temps.

Et si Carine avait tout gagné ?

Vu ma manière assez récurrente de parler de l'ex-rédactrice en chef du Vogue Paris sur ce blog, on finira par penser que j'adore cette femme ou pire encore que je lui voue un culte, et ce malgré les critiques que je lui adresse régulièrement...Que nenni ! Disons juste qu'il s'agit d'un personnage qui m'a toujours intrigué, positivement et bien souvent négativement, par sa façon d'être, sa vision et cette aura mystérieuse qu'elle dégage à chaque fois.

(Au gala de l'AmFar en Givenchy Couture).

Pour la petite anecdote, Carine Roitfeld, je l'avais aperçue au défilé Galliano lors de la semaine de la mode menswear à Paris en juin dernier. A vrai dire, elle possède vraiment un truc qui capte l'attention, un vrai charisme. Ça se ressent déjà dans ses photos et vidéos mais encore plus en vrai...Quoiqu'il en soit, dernièrement, ce sont ses multiples collaborations et actions dans l'industrie depuis qu'elle a quitté les bureaux du Faubourg St Honoré qui m'ont interpellé. Alors que suite à un supposé licenciement/une démission forcée, plusieurs personnes, en particulier ce qui ne l'appréciaient pas forcément, annonçaient sa fin, la dame aux yeux charbonneux a su prouver -et continue à le faire - qu'on ne perd pas son statut de prêtresse de la mode en un claquement de doigt ; en tout cas pas elle. Très rapidement, Roitfeld a su rebondir et on apprenait qu'elle serait la prochaine consultante mais aussi muse de Barney's. Le multi-marque américain a en effet réquisitionné sa "french touch" afin d'insuffler un nouvel air à ses catalogues et à ses vitrines avec l'aide du photographe Mario Sorrenti. Etant donné l'importance de ce temple du luxe new yorkais, il s'agissait d'un coup de maître pour celle dont les mauvaises langues clamaient déjà "la traversée du désert' après son absence remarquée aux fashion weeks de février et de mars dernier et qui se rapprochait en même temps de ses enfants, Julia et Vladimir. Plus tard, en plus de l'annonce de la sortie en octobre de son livre, Irreverent, réalisé en collaboration avec Olivier Zahm, Karl Lagerfeld confiait qu'elle était la styliste de la prochaine campagne Automne/Hiver Chanel shootée par ses propres soins et avec Freja Beha (oui, ENCORE) pour égérie. Aussi, il y a quelques semaines, une rumeur a fait surface, disant que Carine et son très cher ami Riccardo Tisci pourraient se retrouver à la direction artistique de Dior, succédant ainsi à John Galliano. Si cette nouvelle semblait assez improbable, on dirait qu'elle n'était pas si loin de la vérité. Dernière rumeur en date, Lady Roitfeld serait en train de travailler à la confection de sa propre ligne de vêtements. Sa propre marque. Et, il n'est pas question de racontages en l'air. Le top modèle Amber Athernon a publié une photo sur twitter montrant un top avec une étiquette siglée du nom de la styliste. Il n'en fallut pas plus pour que la toile et la sphère mode s'affolent, émettent toutes les hypothèses possibles et imaginables. D'ailleurs, le journaliste mode Derek Blasbkerg aurait twitté une photo de Carine entourée du coiffeur Luigi Murenu et du photographe Iango Henzi, en suggérant qu'ils travaillaient peut-être sur le book de Lady R. Dans le cas où çà se confirme, ce serait quand même fou : passer de styliste-muse influente à rédactrice en chef influente à icône de mode influente pour retomber au stade de styliste sans emploi avant de redevenir styliste influente et peut-être par la suite créatrice de mode influente...Et pour ne rien gâcher, j'ai récemment entendu qu'elle réalisera la couverture du numéro de Septembre de V Magazine ( donc le plus important ).



En fait, j'en viens à me demander si Carine n'a pas tout gagné dans cette affaire. Certes, son association avec Tom Ford à la naissance du porno-chic au début de la décennie avait déjà fortement contribué à sa notoriété mais, pendant 10 ans, elle a eu le temps de se constituer une infaillible réputation, je dirais même de se construire un mythe. Et si après tout, elle prévoyait cette éventualité depuis le début ? Grâce à son background de rédactrice en chef de l'un des plus importants magazines de mode au monde et son indépendance retrouvée, Carine Roitfeld est le personnage que tout le monde s'arrache et veut inclure dans son projet. Tout le monde veut profiter de son expérience et de sa notoriété bien plus que sa créativité et de ses propositions ; je me permets de penser. Elle a su partir au bon moment, sans trop de tracas afin de conserver cette force qui fait aujourd'hui son succès dans le microcosme mode. En observant de plus près, on peut constater qu'en fait, elle conserve son influence intacte voire même qu'elle la rend encore plus prépondérante. Non seulement, elle n'a plus à craindre les représailles de Xavier Romatet et de Sir Newhouse, grands patrons de l'écurie Condé Nast et surtout de Mr LVMH, Bernard Arnaut, à l'origine de son départ selon les rumeurs, et en plus de cela, elle est totalement libre et peut ainsi multiplier les opportunités en bonne workaholic qu'elle est. Contrairement à une Anna Wintour, elle est un peu l'électron libre de la mode avec une réelle main mise sur le reste de l'atome. Nul doute que si elle lance vraiment un label, celui-ci bénéficiera de cette aura et marchera, qu'importe la qualité et l'esthétique de la collection. Porter du Roitfeld sera l'équivalent de la découverte du St-Graal pour toute fashionistas qui se respecte. Elle l'avait dit dans son dernier édito pour le VP en mars dernier, "ce n'est qu'était un aurevoir" et ne cesse de le confirmer. N'en déplaise, il faudra définitivement composer avec elle dans cette industrie.

(Carine Roitfeld pour le Visionaire Magazine, shootée par Karl Lagerfeld)

Quand les rédactrices(teurs)/stylistes deviennent des stars.

Depuis la sortie de "The September Issue", Anna Wintour, qu'on ne présente plus, n'a jamais autant occupé ce statut de star, dont la notoriété dépasse même le cadre du microcosme mode. En moins de deux ans, celle qui a pour habitude de mettre d'autres personnes en couverture s'est retrouvée à la Une d'une pléiade de magazines à l'instar du glossy INDUSTRIE ou encore du Wallstreet Journal Magazine. Cette célébrité largement plus mainstream qu'auparavant s'applique également aux autres Fashion Editors/Stylists. En effet, les photographes-blogueurs, en photographiant tous leurs moindres faits et gestes, ont ainsi établi une inédite catégorie de peoples qui en quelque sorte fascinent les aficionados de l'industrie, mais peuvent également intriguer ceux qui y sont assez étrangers .Comme Anna Dello Russo, pionnière du mouvement l'a dit : "Il est question de nous, les gens qui travaillent dans la mode. De ce que nous portons, de comment nous nous maquillons, de ce que nous faisons et même de ce que nous vivons...C'est un nouveau phénomène".

 (Anna Wintour en couverture du Wall Street Journal Magazine).

Au départ, dans les années 90, ce sont Naomi Campbell et sa bande d'illustres tops-modèles qui étaient au cœur de l'attention du milieu. Puis, en 2000, les actrices et autres chanteuses ont commencé à être de plus en plus présentes et convoitées. Avec l'avènement des sites comme ceux du Sartorialist ou encore de Tommy Ton (Jak&Jil), on réalise l'influence de rédactrices telles que Emmanuelle Alt. Suite à leur multiples apparitions sur les blogs de street-styles, elles sont devenues encore plus connues que les magazines pour lesquelles elles bossent et les éditoriaux mode qu'elles mettent en œuvre. Ainsi certaines pour avoir des conseils ne vont plus se référer à ce qu'elles peuvent lire dans un MARIECLAIRE ou un GLAMOUR mais iront s'inspirer d'une Elisa Nalin ou d'une Giovanna Battaglia. De plus en plus perçue de l'extérieur comme un divertissement, la mode se trouve dans un contexte de démocratisation. Elle ne se réserve plus forcément à une élite ou une bande de connaisseurs. En plus de ceci, si l'on prend en compte la rapidité de l'information doublée par la facilité d'accès, le constant est vite fait : l'intérêt porté pour ces personnalités auxquelles il est sans doute plus facile de s'identifier, stylistiquement parlant, et qui montre une véritable authenticité par rapport aux mannequins des pages mode ne cesse de croître. En témoigne le groupe facebook, "Lanphearites Unites" créé en l'honneur de la très rock'n'roll Kate Lanphear, directrice créative pour le Elle américain.

 (Giovanna Battaglia, Elisa Nalin, Kate Lanphear).

Toujours grâce aux photos de street-style, la façon dont elles s'habillent semble un peu plus accessible et fait davantage figure d'autorité. De fait, elles sont les personnes à l'origine de ce que l'on peut voir dans les magazines, qui mettent en avant les tendances, voire même qui en décident. Par le passé, les célébrités d'Hollywood et autres fascinaient de par leur style et leurs choix vestimentaires, capillaires, etc...Certes, c'est toujours le cas de nos jours, nonobstant, aujourd'hui leurs looks sont tellement travaillés et pour la plupart pris en charge par des stylistes qu'ils en perdent toute once de naturel et même d'originalité. Ce n'était donc plus qu'une question de temps avec que l'attention se tourne vers les responsables de cette imagerie, ceux qui établissent ses "fameux diktats" mis sous les projecteurs par le biais des stars.

Plus haut, j'ai parlé d'une démocratisation de la mode...En y regardant de plus près, en fait, ce n'est pas la mode qui se fait plus populaire mais plutôt les personnalités qui la "régissent", la font, grâce aux médias. D'une certaine manière, c'est comme braquer le projecteur sur un point bien précis au milieu d'une vaste étendue sombre. Par exemple, si l'on doit se rendre dans les quartiers de Paris affublés d'une étiquette "hype" et interroger un de ses hipsters ou une des ses fashionistas, nombres d'entre eux, bien que n'ayant jamais entendu parler d'elle cinq ans auparavant, diront connaître Carine Roitfeld sans pour autant en savoir plus que çà à-propos de son travail, de l'esthétique qu'elle prône dans le milieu et de ses réalisations. Aussi, avec la multiplication des blogs de gossips ou encore satiriques sur la mode, on constate que les gens sont beaucoup plus intéressés par le processus, les incidents, et les ragots au sein du milieu que par ce qui se passe sur les podiums.

 (Carine Roitfeld : Jak&Jil).

Seulement, il réside une ombre au tableau. Ou plutôt, un danger. A cause de cette sur-médiatisation qui - il faut le dire - leur profite, il y a de fortes chances que l'une après l'autre, elles perdent de l'authenticité qui les caractérisait. D'une part, en étant sans cesse exposées, même si d'un côté, elles n'y peuvent rien, elles finiront par perdre de leur "mysticisme" et donc, à lasser. D'autre part, elles risquent d'entrer dans un engrenage commercial. Anna Dello Russo en est le parfait exemple. Depuis quelques saisons, l'italienne editor-at-large pour le Vogue Japon, ne bénéficie plus de la fraicheur de ses débuts. Au contraire, son omniprésence la rend prévisible et pas le moins du monde surprenante, ce qui laisse un goût amer. Elle en est arrivée au point de considérer cette position de star du street-style comme une seconde profession éclipsant beaucoup trop son travail ; allant même jusqu'à se lancer un parfum...

En définitive, tout est une question de contrôle, de dosage, de subtilité et surtout de garder une certaine distance, un mystère. Et encore une fois, Anna Wintour en reste la reine indétrônable. Jamais elle ne s'arrêtera pour se faire prendre en photo par les street-stylers, jamais elle ne donnera même la moindre impression de le vouloir. Pourtant, à cause de ce qu'elle, de ce qu'elle représente, elle continuera à autant intriguer, fasciner, influencer et garder toute son authenticité justement.


(Emmanuelle Alt : Jak&Jil).