Kate Moss, elle a quoi de si spécial en fait ?

Depuis le 13 Mai, l'on peut retrouver à la Galerie de L'Instant, (Paris 3ème), une exposition vouant un culte à Kate Moss. Un florilège de clichés pris par une série des photographes les plus importants de ces dernières années, à l'instar de Marc Hispard, Mike Figgis, Mary Mccartney, Patrick Demarchelier, Richard Dumas, ou encore Juliette Butler mais aussi des toiles signées Lucian Freud, Marc Quinn, Sam Taylor Wood, entre autres, représentant le top model anglais seront ainsi mis à la disposition du public. Sans aucun doute, Moss est donc un des seuls et rares mannequins à jouir d'un tel honneur. Depuis que Bettina Rheims l'a photographiée pour son livre "Modern Lovers" dans les années 90, alors qu'elle n'avait que 14, c'est-à-dire depuis plus de 20 ans, elle fascine et suscite de l'intérêt toujours plus croissant. D'où mes questionnements du jour : pourquoi une omniprésence aussi importante et presque étouffante visuellement parlant ? pourquoi une telle pérennité dans le milieu ? Pourquoi n'a t-elle pas perdu de sa "lueur", de sa notoriété comme les autres modèles de la génération des supermodels des 90's ? Et surtout, comment y est t-elle arrivée ?

(Par Juliette Butler (1995) et Mary McCartney, “Kate in Red Dress” (2004))

Lorsqu'elle débutait, début des 90, sa carrière dans le mannequinat, la mode était aux "waifes”, ces jeunes filles, aux corps squelettiques et à l'air constamment perdu/abandonné. On peut donc (essayer de) comprendre qu'à l'époque elle s'avérait incontournable vu son corps qui était l'archétype du genre. Puis, au milieu de la décennie, ce fut au tour des Naomi, Claudia, Tyra et des autres d'imposer une silhouette sculpturale légèrement plus plantureuse que ce qui se voyait. Parallèlement, la féminité de Kate Moss se révèle un peu plus et on voit quelques formes se dessiner sur son corps, en témoigne des photographies de Peter Lindbergh ou Ellen Von Unwerth. Encore une fois, elle se fond dans le mouvement même s'il y a toujours ce petit quelque chose qui l'a fait sortir du lot. Un peu avant 2000, Anna Wintour, suivie par la plupart des magazines, commence la mise en lumière des actrices et des chanteuses. Très rapidement, les mannequins passent au second plan et luttent, tant bien que mal à garder leur place d'antan. Les années passant, elles réussissent à rester dans la lumière mais se voient peu à peu remplacer par une hordes de gamines de l'est de l'Europe et surtout surplombées par les fameuses stars hollywoodiennes si bien qu'elles finissent par perdre de leur statut. Une à une, celles qui ont régné en maitresses sur le monde de la mode cherchent des issues de secours, se trouvent des secondes options tout en s’arrangeant à rester plus ou moins présentes dans le milieu (cf N.Campbell). Pourtant pas la Brindille, qui continue de tenir tête aux rivales et s'assure toujours une place de choix dans les magazines, les campagnes et sur les podiums. Elle surfera ainsi sur son éternelle vague du succès jusqu'en 2005 où le fameux scandale du rail de cocaïne éclate. Fréquentant depuis un moment le junky Pete Doherty, le ''Daily Mirror'' publie, en couverture, une photo issue d'une vidéo tournée avec un téléphone portable qui la montre sniffant de la cocaïne. Immédiatement, elle perd des contrats importants dont Burberry, Chanel et H&M. Pour la première fois, le public et beaucoup de professionnels lui tournent le dos. Mais pour une très courte durée. Après une horde de méa culpa et une bonne rehab, elle revient sur le devant de la scène. Le Vogue Paris lui consacre même une édition spéciale un mois de décembre où elle reçoit le soutien de Catherine Deneuve, Johnny Depp, Alexander McQueen, Roberto Cavalli, Longchamp, etc. Ni une ni deux, les affaires reprennent et depuis elle est toujours au sommet, n'en démord pas. Ce scandale, au lieu d'y mettre un terme, a, au contraire, booster sa carrière. Qui des Naomi, Klum, Herzigova, Schiffer, et autres peut se targuer de figurer dans un maximum de campagnes incontournables (Balmain, Isabel Marant, La Parisienne d'Yves Saint Laurent...) en une seule saison ? D'enchainer une campagne virale avec Dior, des spots Vogue Eyewear sans compter les collaborations avec Topshop et Longchamp. Pas grand monde en fait, et ce même dans la nouvelle génération de mannequins.

(Par Corinne Day (2001) et Marc Hispard (1993))

Personnellement, je n'ai jamais trouvé qu'elle avait quelque chose de si EXTRAORDINAIRE. Ok, elle a de la présence, comme pas mal de tops modèles mais en ce qui me concerne çà s'arrête là. Parfois, il m'est arrivé d'entendre : "Non mais c'est une styliste plutôt prometteuse et talentueuse". Ce à quoi je me permets de répondre par la négative. A la limite, elle est juste douée d'un bon œil qui lui permet de bien reproduire les tendances et les gimmicks up-to-date dans ses collections avec Topshop ou encore Longchamp (et encore, il y a des bureaux de style pour ça), qui frôlent même souvent, pour pas mal de pièces le mauvais goût. Chez Topshop par exemple, les opus ne marchaient que parce qu'il y avait son nom affublé sur l'étiquette sinon, la qualité même n'y était pas vraiment. D'ailleurs au bout de 4 ou 5 saisons, cela s'est bien senti. Le manque de valeur créative ajoutée a tôt fait de se faire ressentir ce qui emmena à la fin de la collaboration, les ventes ne suivant plus vraiment. Quant à son look tant loué, il s'agit d'un style rock'n'roll parfois chic, un peu bobo, déjà vu et revu. En somme, rien de bien novateur.

En fait, je dirais que la raison de son succès est en grande partie due au fait qu'elle est un condensé de tout ce que la société "aime"/"affectione" à l'heure actuelle et parfois sans même forcément s'en rendre compte : des histoires d'amours compliquées qui se finissent tristement (cf avec Johny Depp, Doherty), cette notion d'ange entrainée dans le mal mais qui réussit à s'en sortir, la reconversion, les scandales ici et là, de la provocation (maitrisée aujourd'hui)... Elle représente l'artiste martyr, écorchée vive, la rock star scandaleuse qui arrive toujours à toucher. Avec tout cela, elle parvient ainsi à se mettre un large de panel de personnes dans la poche, réussit à les convaincre, fascine, et ce au profit des différentes marques qui l'engagent...En ce qui me concerne, j'en fais une overdose.

5 commentaires:

LOLA a dit…

Je ne suis pas fan de Kate Moss mais je peux dire ce qu'elle a de spécial: Elle est elle...quitte à en devenir sa propre caricature.
La génération de mannequins que tu décris au début du texte, les "waifes" correspond plutôt aux années 80 je trouve. Des femmes squelettiques à la Katoucha ou encore Pat Cleveland étaient des stars et il fallait ces corps pour porter ces affreuses épaules XXL.
A l'arrivée d'Anna, on a assisté au retour de la femme en chair et sexy à souhait. Kate je pense s'est démarquée car, comparée à avant, elle est devenu le premier mannequin ni beau, ni mignon, ni rien du tout sauf avec ce petit je ne sais quoi.
Le début des années 90 était à la recherche de profils nouveaux: Des filles comme Kimora lee émergeaient..

Au départ, je dois dire que Kate me faisait peut d'effets car les Naomi et tout incarnaient totalement leurs personnages sur et hors Catwalk. Kate avait toujours cet air innocent ennuyeux. Puis, lorsque je l'ai vue défiler chez GUCCI, j'ai vue qu'elle pouvait dégager un sex appeal assez impressionnant (Elle était particulièrement impressionnante au défilé été 2001).
Le nom de Kate est resté relativement inconnu jusqu’au scandale il faut dire. Elle avait beau être placardée dans tous les pays, beaucoup de gens ne pouvaient dire qui elle était. C’est après ce scandale que le grand public a (re)découvert ce mannequin. De plus, Public, a aussi relaté le scandale=dans la rue, émergence de Wannabee. Si tu remarques, après cette époque, on a assisté à l’émergence de mannequins types « Kate » : Gemma Ward, lily Donaldson…
Après une décennie marquée par les corps athlétiques types Carmen kass et Giselle, on a vu (re)apparaitre des mannequins « bizarres » comme Sasha Pivarova.
Après il faut aussi dire que le monde de la mode et le monde tout court l’a sacralisée à mort! Des qu’elle se pavanait avec un sac Chanel, il était Sold Out/en liste d’attente. Aujourd’hui, je la trouve terriblement fanée (le défilé Vuitton confirme mes pensées). Elle a tellement représenté de marques, d’univers ces 5 dernières années et je ne sais combien de fois je l’ai vue expérimenter son look grunge-rock-chic dans les magazines (VOGUE PARIS EN TETE) que je ne la trouve plus du tout intéressante.
Pour finalement répondre a ta question, je pense qu’au jour d’aujourd’hui, le seul truc qu’elle a de spécial est qu’elle a su faire de son nom une marque globale, crédible et Bankable.
Il y en des mannequins qui ont essayés de faire de leurs noms une marque mais ça n’a pas marché : Ines de la Fressange et son arrogante idée de créer une marque de luxe=Ou est-elle aujourd’hui ??
Naomi et ses disques et tout le tralala=Où sont-ils aujourd’hui ??
La seule qui arrive à »l’égal » de Kate est Giselle, qui a réussi à faire de son nom une marque globale, crédible et Bankable.

ledicodemargaux a dit…

bel article!
xxx
http://ledicodemargaux.blogspot.com/

Anonyme a dit…

Bonjour,
Overdose de Kate Moss!!!, son succès tiens au fait qu'elle est représentative de notre époque: son absence de formes, la peur des femmes d'être féminines et sexuées.
Kate Moss représente (à mes yeux) la vulgarité de notre époque c'est à dire le conformisme.Je regrette les mannequins tels Stephanie Seymour, Yasmine, ou encore Katoucha qui avait de l'allure et une l'élégance naturelle.
Je trouve affreux de dire que l'attitude (pseudo rock) est sexy, se faire prendre en photo sniffant un rail de coke, et de décrocher pus de contrats par la suite c'est effrayant pour le message qu'on envoie (oubliant le nombre de victimes de la drogue..je sais que dans la mode c'est tellement banal la coke).
On observe beaucoup d'adolescentes qui lui ressemblent, je trouve leur allure désolante de conformisme et d'ennui.une lectrice fidèle

Mister.Paks a dit…

Merci !

Dominique Ernest a dit…

j'aime bien les photos en noir et blanc...