New York Fashion Week : Aperçu des podiums.

La Fashion Week continue de battre son plein dans la ville de New York. Sur les podiums, les styles et combinaisons se veulent très différents d'un défilé à un autre. Retour sur les collections de trois marques qui, a priori, n'ont pas grand chose en commun, excepté cette saison, où les directeurs artistiques des trois ont été inspirés par l'esthétique africaine, haute en couleurs, en formes, et en imprimés. Si chez Max Osterweis et Erin Beatty de SUNO ainsi que chez Duro Olowu l'expérience est récurrente, pour le jeune Thakoon Panichgul, c'est une première.
Pour leur juvénile maison, les créateurs ont avoué leur inspiration de l'allure de vielles dames. Plutôt oxymorique aux premiers abords voire même étrange, lorsque l'on ne voit rien et qu'on se l'évoque juste. De fait, ils expliquent avoir été influencés par la façon dont la plupart se vêt sans aucune considération pour les tendances, le plus important pour elles étant de toujours paraître élégantes. La femme SUNO de l'automne/hiver 2011-2012 revendique donc un vestiaire intemporel mais néanmoins très moderne à coup d'imprimés audacieux, de mélanges de matières, de couleurs et de motifs toujours cohérents et se refusant à toute fadeur. La présentation s'ouvre sur une blouse jaune en soie couverte de fleurs portée avec un pantalon large drôlement rayé et s'achève sur une robe asymétrique finement drapée. Entre les deux silhouettes, on retiendra les capes en maille aux couleurs automnales captivantes, les pantalons 7/8 parfaitement ajustés, les écharpes un brin bohèmes, les blazers aux formes psychédéliques à la Jewel By Lisa, sans oublier les désormais incontournables chaussures à plateformes maisons, qui pour l'occasion se parent de doucereux graphismes. Après un peu plus de quatre collections, l'ADN du label s'affirme, définitivement intrépide et respirant la jouvence. Une fois encore, la séduction est au rendez-vous.

(Suno)

Le designer anglais originaire du Nigeria, Duro Olowu présenta pour la toute première fois sa collection à New York. Lui aussi s'émancipe des courants de la mode et se range dans son propre créneau. Les tenues se caractérisent par un subtil jeu sur les longueurs et les proportions. La couture est aiguisée mettant en scène des tissus aux imprimés complexes et des pièces très urbaines, le tout s'agençant sans difficulté majeure. Il ressort une époustouflante exubérance des chocs d'imprimés. Bien que Olowu s'inspire énormément du pagne africain, on note également une réminiscence de plusieurs courants artistiques tels que le fauvisme caractérisé par les couleurs vivaces prenant parfois le pas sur les coupes, le cubisme avec le côté très géométriques de certains motifs et même un clin d'oeil à l'Art Deco. Ici, les longues robes de cocktails se refusent à la niaiserie, souvent marquées par un brin d'humour mais jamais ridicules, idem pour les manteaux en velours imprimé et les maxi-cardigans en lurex. Au final, un opus dans la pure tradition Duro Olowu, tout à fait particulier et lourd en références. Fantastique ? Presque...



(Duro Olowu)

Quand les dames Massai rencontrent les courtisanes de l'époque des rois de France, ça donne la dernière collection du Thaïlandais Thakoon. Le jeune créateur que l'on peut voir dans The September Issue, vivement soutenu par la papesse Anna Wintour, livre un vestiaire mettant en avant les similitudes entre les costumes du Versailles d'antan et les tenues des ethnies du Kenya. Assez surprenant. Le premier passage montre une veste en plaid rouge et bleue - couleurs fétiches des tribus guerrières - assortie de couffins détachables rappelant les accoutrements extravagants de Marie-Antoinette. Les silhouettes insolites se suivent et comportent des robes déstructurées, fluides et légères, des jupes courtes devant et longues à l'arrière, des plumes tribales dans les cheveux des mannequins, des pantalons chinos en lainage de cachemire aux imprimés africains...Thakoon décrit sa collection comme "très originale mais portable". De son inventivité, je n'en disconviens point. Par contre, j'ai un gros doute quand à la portabilité de certaines de ces pièces au quotidien, tombant facilement dans l'excès. De plus, l'afflux d'influences parfois incontrôlé apporte une sorte de dissonance à l'ensemble qui aurait pu être éviter.


(Thakoon)

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