Le renouveau des codes masculins classiques.

De par les idées reçues qui se sont développées au cours des siècles disant grosso modo que l'habillement, le fait d'être bien mis sur soi, etc. étaient des affaires de femmes, la mode masculine a toujours eu un énorme retard sur son pendant féminin. Ainsi, les vestiaires masculins ont presque toujours été des plus basiques... Lorsque les premières lignes et maisons de mode pour hommes voyaient le jour, la barre créative se
trouvait toujours en deçà de ce que l'on pouvait observer pour le sexe opposé. Et quand bien même les designers se risquaient à faire quelques fantaisies, cela tombait généralement dans l'exacerbe...


Légère mise en bouche donc pour vous parler du phénomène que j'ai pu observer sur les podiums de cette saison : le renouveau du classique. Les créateurs se sont donc amusés à effectuer un retour aux valeurs sures, à revisiter les pièces majeures du dressing masculin avec plus ou moins de modernité ; loin de toutes excentricités mal placées. En janvier passé, lors de la semaine de la mode masculine à Milan, Christopher Bailey donnait le ton : il s'est plongé dans les archives et s'est inspiré des savoirs-faire de la maison au mythique trench-coat, des classiques Burberry et leur a donné une nouvelle vie. Les fameux manteaux de tranchées sont donc décline aujourd’hui en long, en court, en étriqué ou en oversize, dans des gabardines automnales comme d’épaisses peaux lainées, agrémenté de détails au niveau des cols et des finitions. Pareil pour le duo italien Dolce&Gabbana qui a redonné vie à ses campagnards siciliens qui porte la chemise blanche pour les grandes occasions et à l'élégance rustique, vus pour la première fois alors que leur marque naissait à peine ou encore Giorgio Armani, revenant à la classe confortable qui le caractérisait à ses débuts. Une mode donc constamment dans la rétrospective.



Comment justifier cela ? Giorgio Armani le confiait à la sortie de son défilé : "Nous sommes allés trop loin. On a trop misé sur la fantaisie exagérée. Ceux qui ont les moyens de s’offrir leurs vêtements, sont en quête de pièces moins marquées, plus douces et plus confortables". La faute à la récession. De fait, à cause de ce climat économique tendu, les consommateurs ET donc les stylistes cherchent tous à se réfugier vers des pièces qui ont faire leurs preuves. Sans oublier de les ajuster à l'air du temps afin de ne pas retomber dans les périodes plates de la mode masculine. Je pense que le contexte économique a poussé le client à reconsidérer la question du rapport créativité-qualité-prix, et à ne plus se jeter aveuglement sur un vêtement sous prétexte du capital tendance de celui-ci. De l’autre, les marques se sont demandées si elles ne s’étaient pas trop éloignées de leur univers à cause de ce désir de repousser toujours plus loin les limites de l'imagination et de la créativité.
Au final, cette saison, le message est clair : rien n'est dans l'excès, tout est souvent très soft et mesuré avec soin dans la plupart des opus. Des grands classiques du vestiaire masculin comme le manteau trois-quarts couleur camel, le blazer bleu marine ou le pantalon en flanelle sont hissés en indispensables de l’hiver. Y compris dans des collections comme celle de Marc Jacobs, alors qu’on pouvait s’attendre à quelque chose de moins convenu de la part du designer new-yorkais.

Aussi, je dirais que derrière tous ces aspects de retour vers le classicisme absolu se cache en fait quelque chose d'ultra-pointu, avec une véritable originalité latente. Prenons la collection Prada par exemple. La manière dont les pantalons sont coupés, les proportions des manteaux à double col rappellent les années 60, pourtant, les tissus dans lesquels ils sont taillés - et la manière dont ils le sont - évoquent une modernité totalement 2010.


J'applaudis donc cette démarche générale qui, quand on pousse la réflexion un peu plus loin, n'est pas tellement une affaire de crise ou non, mais d'une véritable créativité qui n'a pas besoin d'emprunter les voies les plus folles et ludiques pour s'exprimer. Bravo aux designers cités plus haut mais également à Dries Van Noten, Lucas Ossendrijver (Lanvin) , Kris Van Assche (Dior Homme) et Tomas Maier (Bottega Veneta) qui signent les plus belles collections de l'hiver à venir.

2 commentaires:

lily-baccara a dit…

Tu dois être un des rares garçons que je lis, qui est aussi pointilleux ! Tu sais de quoi tu parles et tu en parles bien ! ( je n'y connais pas grand chose mais j'aime te lire ) ^^

Mister.Paks a dit…

Oh Merci beaucoup !