Paris Fashion Week : Balmain, Ungaro, Cacharel, Céline, Givenchy,Lanvin…

Durant cette semaine de la mode parisienne, les tendances se livrent des combats acharnés pour atteindre la place de MUST-HAVE de la prochaine saison. Les influences et les univers n’ont jamais autant divergé au sein d’une Fashion Week. Revue de quelques collections vues sur les podiums de la capitale.

Cela va faire plus de trois saisons que l’on espère que Christophe Decarnin osera enfin s’émanciper des silhouettes qui ont rythmé le style Balmain ces dernières années, qu’il aura enfin l’audace de proposer quelque chose de différent mais également qu’il puisse évoluer hors de la coupole d’Emmanuelle Alt (rédactrice en chef mode du Vogue Paris) et de ses influences stylistiques. Encore une fois, la Balmain Girl est une adepte du tape à l’oeil, des paillettes, des épaulettes, des pantalons étriqués longueurs mi-mollet, des microshorts et autres minijupes, et de l’outrageusement sexy. Après son stage militaire de l’été dernier et son bal masqué de cet hiver, elle s’accorde un relooking punk, datant des années 70 et initié par Vivienne Westwood et son compagnon décédé, Malcom Mc Laren, accessoirement manager des Sex Pistols. La maison française suit donc un chemin emprunté par Burberry. Si déjà l’effet n’avait pas été convaincant du côté de Christopher Bailey, nul va sans dire qu’avec Decarnin dont la créativité ne fait que s’épuiser, le résultat s’est avéré catastrophique. Ni plus, ni moins. Au vu de ses défilés de plus en plus décevants, on se demande pourquoi il se trouve toujours à cette place. Bien entendu, il est évident que la Balmain Mania engendrée en 2009 a généré quelques consommatrices inconditionnelles de la marque, mais c’est vers le milieu même de la mode que nos interrogations se tournent. Sous prétexte qu’un styliste réussisse à vendre des t-shirts troués ou encore des jeans tâchetés de peinture sans aucune espèce de novation derrière, qu’il a comme « marraines » des grands noms de la mode tels que Roitfeld et Alt, ceci sans compter la grande visibilité dont jouit désormais la marque, toute une industrie se cache derrière une hypocrisie casi-gênante. On ne compte plus les gens, consommateurs comme professionnels, qui vont s’extasier devant du Balmain, vantant la créativité et l’unicité du produit alors que l’on voit bien que le directeur artistique est pris depuis longtemps dans un engrenage de codes qui, à part lasser, ne font plus d’effets. A défaut de se voir remercier par les dirigeants de la maison, il devrait vraiment libérer la place. Ne serait-ce que pour sauver son intégrité artistique… Quoiqu’après réflexion, on peut toujours rêver.



Pour sa troisième collection au sein de Cacharel, Cédric Charlier met à l’honneur la candeur féminine et la légèreté. Les mannequins défilent dans des chemisiers associés à des pantalons ou à des jupes joliment colorés pour les uns et délicieusement imprimés pour les autres. La note printanière de l’opus est presque revigorante donnant une immense envie de se retrouver en début avril, lorsque la nature commence à renaître. Du rose, de l’orange, du capucine, l’imparable motif fleuri… Un très beau travail sur les couleurs mais également sur les formes, qui mérite d’être applaudi.



Dans un registre chromatique différent, on retrouve Givenchy, conduit par Riccardo Tisci. La palette est limitée au noir, au blanc et au terme de la proposition, ce sont des imprimés léopard agrandis qui se dessinent sur de majestueuses pièces. Le Printemps/Été de Givenchy s’inscrit dans une sensualité gothique. On confondrait les filles à d’enchanteresses des temps modernes à la beauté envoûtante, à la classe effrayante étayée par de longs jupons en mousseline noire couvrant des jambes nues, souvent des pantalons ou encore des robes aux entrelacs volantés dévoilant avec subtilité la peau. Derrière la froideur élégante de cet opus, se cache une sensibilité maîtrisée et contrastée. Légèrement pudique le Tisci ?



Du côté de Céline, l’anglaise Phoebe Philo ne se détache pas de ses précédents leitmotivs qui sont sobriété, élégance, et sophistication. La notion de minimalisme qu’elle a toujours cultivée jusqu’ici ne se fait plus autant sentir. Elle ose enfin une certaine exagération dans les coupes, dans les couleurs et pour la toute première fois, des imprimés apparaissent sur un podium de la marque. Comme d’habitude, le cuir caramel est au rendez-vous mais l’on remarque nonobstant quelques inspirations orientales : des tissages à capuches berbères, des pantalons fluides en soie ivoire avec une bande marine et vert vif à la ceinture et sur le côté ou un haut en soie verte et imprimé géométrique, terminé par une bande orange. Si l’austérité chic des anciennes collections nous avaient énormément séduits, nous sommes tout aussi friands de ce style casual, intemporel et urbain.


S’il y a un créateur qui ne déçoit jamais au fur et à mesure que les saisons se profilent, c’est bien Alber Elbaz. Le directeur artistique de Lanvin réalise à nouveau un véritable coup de maître. L’esprit de Jeanne Lanvin n’est jamais perdu, mais la pâte du prodigue d’Israël est inéluctable. Les silhouettes sont travaillées avec une légèreté frôlant l’aérodynamisme . Les jupes évasées et fluides donnent l’impression que les mannequins vont s’envoler en arrivant au bout du podium. Le styliste a beaucoup utilisé le stretch, ce qui permet de créer des tops échancrés très près du corps et donnent une nouvelle énergie à la tenue. La palette générale de ce vestiaire aérien oscille entre roses sablés et bleus profonds, des touches de couleurs vives (fuchsia, jaune soleil). Elbaz renouvelle son hommage à la gente féminine, en ne cessant jamais de la sublimer et de la parer des plus beaux atours. On dit « OUI » !



Terminons par Emanuel Ungaro et son tout nouveau créateur, Giles Deacon. Pour son premier défilé pour la maison, l’anglais a décidé de rendre hommage à l’attrait de monsieur Ungaro pour les fleurs. Le vestiaire évoque l’Hollywood d’antan. On est loin des mésaventures vulgairement sexys de Lohan et de son acolyte Archs vues l’été passé. Les robes drapées, les froufrous et la dentelle travaillée de diverses façons sont de rigueur. Toutefois, l’ADN de la maison n’est pas encore complètement rétabli. Les années d’Emanuel Ungaro himself semblent encore distantes. Bel essai, mais ce n’est toujours pas çà. On suppose qu’il a encore besoin d’une saison pour véritablement prendre ses marques.


2 commentaires:

LOla a dit…

BALMAIN: Une Blague Fashion...Pendant que son homologue PUCCI prend sa place avec Dundas au top de sa forme et avec le soutien du Staff VP et de toute la profession. Cette collection, c'est un peu le Greatest Hit: JEANS, PERFECTOS, TEE-SHIRTS,BLAZER..et voila. Pour moi, Alt n'est pas le problème ni CR, mais Decarnin et peut-être ses dirigeants qui s'asseyent sur leurs succès depuis l'été 2009.
GIVENCHY: J'aime beaucoup.C'est très Tisci en fait, un peu plus que d'habitude. Sinon, un show d'une perfection déconcertante. Et puis, l'idée d'un voile sur le pantalon..et ces pantalons..qui s’arrêtent juste au bon endroit pour laisser place à la plateforme!BRAVO RICARDO!
CELINE: Trop propre, ennuyeux,un peu HERMES par MARGIELA. Sinon, une coupe de pantalon parfaite. Mais une collection qui manque de vie, contrairement à la croisière. Donc, Déception..
LANVIN: Alber est un showman hors pair!c'est la force et la faiblesse de ses shows car, même si c'est beau et désirable, en boutique, c'est la déception en général.Mais j'aime beaucoup les lignes près du corps et le FINAL ..GO GIRLS!!Une belle collection dans l'ensemble.
UNGARO: Pour moi, c'est une déception en Général.Il n y a rien d'Ungaro dedans, c'est trop Ladylike et ça manque de vie..et c'est à certains moments HYPER KITSH. Giambattista Valli et Peter Dundas étaient les seuls à avoir vraiment comprit la mode UNGARO..Peut-être faudrait-il arrêter la mode féminine chez Ungaro et éviter un autre massacre de ce beau nom.

PS:Oscar de la Renta était chez BALMAIN et non chez Ungaro. Giambattista Valli,Peter Dundas et Vincent Darre + Lilo et sa pote ont été les D.A. de la maison depuis le depart du maitre :D

June a dit…

Commentaire très intèressant. Merci