Premières Couleurs par Julien Fournié.

Nouvel invité dans le calendrier officiel de la semaine de la Haute Couture parisienne, Julien Fournié créa la surprise lors de son défilé en n'y incluant que des mannequins noirs. A l'heure où au sein de l'industrie de la mode, les agences, les directeurs de castings et j'en passe se veulent encore trop frileux, voire fermés, vis-à-vis des modèles qui présentent des caractéristiques négroïdes, cela peut apparaître comme une très belle ouverture d'esprit. Alors oui, c'est surement le cas, toutefois je perçois plus cela comme de la discrimination positive et une volonté de générer du buzz... Car oui, du buzz, cette collection en a énormément besoin ne brillant pas par une épatante efficacité. Sur le podium, des silhouettes telles des hommages aux années disco et à Diana Ross se succèdent. Le créateur n'a pas lésiné sur les matières nobles. Le satin, l'organza, la soie, la mousseline se teintent de couleurs criardes et couvrent les sculpturales jeunes femmes. A première vue, le rendu peut se montrer appréciable. Le bouton d'or, le fuchsia, le turquoise, le vert franc, l'orangé, le rose, le violet, le pourpre ou le lamé or ressortent superbement sur les peaux ébènes et foncées. Ce n'est qu'en jetant un regard plus en profondeur que l'on se rend compte de la sidérale vacuité artistique de l'opus. Les tenues carnavalesques tiennent davantage du costume de scène que de la Haute Couture. La démarche est certes là et perceptible. On voit ce qu'il a essayé de proposer, à savoir une mode haute en couleurs, reprenant les grandes tendances de la saison, féminine, gaie, un brin rétro et résolument urbaine. Cependant, le résultat n'est absolument pas cohérent, ce qui a tôt fait de précipité l'ensemble de l'opus dans le royaume du cheap, alors qu'il s'agit, rappelons-le, de Couture. L'excès dans les coupes, notamment ces excroissances au niveau des hanches, les détails trop clinquants tels que les imposantes fermetures éclairs argentées ainsi qu'un mélange abusif et mal pensé de couleurs provoquent une dissonance flagrante dans la collection.



En bref, ce vestiaire printemps/été 2011 par Julien Fournié est tout sauf un recueil d'œuvres d'art marquant l'histoire de la couture comme des personnages tels que Christian Dior et Yves Saint Laurent après lui ont pu en délivrer. Il s'avère beaucoup trop brouillon pour ça. Pour autant, je n'irai pas jusqu'à dire que ceci résulte d'un manque de talent du jeune couturier, loin de là. Par curiosité, j'ai jeté un œil à ses précédentes collections qui se sont montrées beaucoup plus convaincantes selon moi. En soi, tout est une question de maîtrise, d'une vision claire et précise de ce que l'on veut obtenir et d'éviter les élucubrations stylistiques un peu trop poussées.


3 commentaires:

Trendy Gourmandise a dit…

vivement le jour où le fait de voir un mannequin noir sur le podium ne fera plus le buzz ...

Anonyme a dit…

Personnellement, ces "élucubrations stylistiques", comme vous dites, je les adore ! Qui êtes-vous donc pour définir ce qui est Haute Couture et ce qui ne l'est pas ! La Haute Couture c'est avant tout un savoir-faire, et dans ce que je vois, il est scrupuleusement respecté. C'est d'ailleurs pour cette raison que Julien Fourié a été accueilli dans ce cercle des membres invités du calendrier officiel. Je trouve par ailleurs qu'il faut du courage à une jeune maison de couture pour faire défiler des mannequins toutes exclusivement noires ou métisses. Ce couturier l'a eu, ce courage? et je l'en félicite. tant mieux si cela génère du "buzz" pour lui. Combien de clientes pimbêches ne voudront meme pas envisager d'acheter la robe juste parce que sur le podium elle était portée par une noire ? Vous e mesurez pas suffisamment le racisme ordinaire, y compris de la mode pour oser de tels commentaires§ Après, que vous n'aimiez pas les couleurs, que vous n'aimiez pas les coupes, c'est votre droit le plus strict. ca ne m'étonne pas : vous êtes peut-être passéiste. Julien Fournié est tourné vers l'avenir, me semble-t-il et réconcilie haute couture et société. ce n'est pas une mince affaire. Moi, j'adore et je l'encourage à continuer dans cette voie.

Mister.Paks a dit…

Alors, tout d'abord, c'est tout à fait votre droit d'aimer. Par ailleurs, où est-ce que j'ai mentionné qu'il ne s'agissait pas de Haute Couture ? J'ai beau lire mes propos, je ne vois pas. Eh bien, je me suis juste contenté de donner mon avis et de commenter cette collection. Je suis désolé, ce n'est pas parce qu'il a pris initiative de faire défiler des mannequins noirs que je DOIS approuver sa collection. Non svp. Qui plus est, il faut arrêter de le voir comme un innovateur. Un défilé exclusivement "noir", ce n'est pas nouveau. La marque parisienne Commun l'a fait avant lui, pareil pour Walter van Beirendonck. Puis-je savoir en quoi suis-je passéiste ? Parce que je n'apprécie pas une collection qui selon moi manque de cohérence et qui s'égare trop ? Laissez-moi rire. Prenez la peine de consulter un blog dans son entièreté avant de porter des jugements hâtifs.